Par Henri Disdichian
Bonjour à tous !
Tous ceux qui me connaissent depuis plus de 25 ans savent que je ne suis pas du genre à polémiquer mais à écrire. J’ai ainsi défriché des familles entières de wagons anciens et récents dans diverses revues, dont Rails d’Autrefois.
Je dispose moi aussi des travaux de J.P. Vergez-Larrouy, de ceux de Marcel Le Guay avec qui j’ai échangé maintes fois de son vivant, du fonds Hunter et des index allemands (8 éditions entre 1864 et 1935) sur lesquel j’ai travaillé à fond ces deux dernières années. Ils sont bien susceptibles d’apporter la connaissance tant attendue sur les couleurs vraiment portées par les wagons anciens. L’opportunité est donc extraordinaire pour tous les passionnés de la chose ferroviaire et plus encore pour les amateurs de wagons. C’est avec un grand intérêt que j’ai pris connaissance de l’article de Rails d’Autrefois N°27 sur la couleur des wagons.
Hélas, c’est bien mal connaitre les wagons que de vouloir présenter ce sujet déconnecté de son contexte historique et en l’absence d’un minimum de connaissances d’ensemble, accessibles par la maîtrise de tous les documents existants et de leurs contenus. Autrement, on peut aussi tirer de toutes ces fiches manuscrites citées, des conclusions hâtives, et même erronées. Démonstration dans les lignes qui suivent.
Je me borne au seul examen du contenu cet article, laissant à chacun le soin de se faire son opinion. Pour cela, il faut aussi partager les bonnes informations sauf à ne vouloir jamais régler cette question de couleurs. Je me suis donc permis de relever les quelques points qui suivent et vous en donne la lecture qui est mienne.
- Sur la couverture au bas : cliché d’un wagon tombereau Etat Lf 75878. Ce cliché est pris en 1918 (avant l’arrivée de Hunter en France) par un photographe de l’US Army. Il devrait être crédité Signal Corps et non Hunter comme indiqué au dos de couverture.
- page 48 : Compagnie de l’Est : couvert Fw 34504
Il est écrit : les wagons GV comme les wagons écuries et les fourgons PV sont peints en vert bronze. C’est totalement faux, tous ces matériels sont vert voyageurs. Pour le wagon Fw 34504, c’est bien écrit sur la fiche à coté : PASS GREEN pour Passengers Green donc Vert Voyageurs.
- toujours page 48 : légende du tombereau à ballast Vyw, la ligne extraite provient d’un listing qui n’est pas de Hunter mais de Monsieur Steffen, aujourd’hui décédé, découvreur du fonds Hunter et qui l’a ainsi recensé.
- page 49 : AL
En 1930, une directive modifie la couleur du matériel en commande ou en livraison, le brun foncé PO est choisi. Les châssis sont toujours noirs….. directive non appliquée, la lecture des documents des constructeurs montre que les châssis sont brun PO à l’instar des célèbres couverts OCEM de l’AL construits en 1936.
- page 51 : Nord : couvert KKzu 258900
Le nord peint ses wagons en marron foncé : le terme marron n’existe pas dans le vocabulaire ferroviaire. Si ce brun a été effectivement appliqué, il ne s’agit pas du tout d’une couleur de la Cie du Nord, mais d’une couleur propre à la nationalisation en préparation : le brun unifié. Le Nord pendant près d’un siècle utilise le gris. Dommage, car le fonds Hunter comporte au moins 30 clichés de wagons gris !
- page 56 : les wagons frigorifiques étaient blancs quelque soit la compagnie pour les signaler dans les trains de voyageurs. Pas de chance, le PLM a aussi exploité des wagons bruns, preuve en photo sur la couverture de l’excellent hors-série "Autour des frigos". Alors non, les wagons frigorifiques sont blancs pour renvoyer la lumière et la chaleur pour faire en sorte que la fraicheur intérieure soit préservée le plus longtemps possible.
Conclusion
Ne rêvons pas, sans un travail minutieux d’analyse et de synthèse qui suppose un accord entre les détenteurs des documents et ceux qui ont les compétences pour les traiter, le fond Hunter ne sert pas à grand-chose, au contraire, à obscurcir davantage le tableau et à fourvoyer les lecteurs qui attendent tout autre chose depuis des dizaines d’années.
Parvenir rapidement à tirer le profit historique optimal du fonds Hunter est possible car le car le travail a déjà été effectué. Pour éviter un énorme gâchis, il est urgent de réunir les compétences et toute la documentation (textes et photos) aujourd’hui fractionnée, voire séparée par des fossés.
C’est juste ce que souhaitent tous les passionnés qui suivent les études en cours d’élaboration sur les wagons français, dans ce pays et ailleurs en Europe.
J’invite chacun au sens critique et à prendre ses responsabilités.
Cordialement, Henri DISDICHIAN.
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